Michaël Powolny

September 3rd, 2012, 1pm

Quand j’ai quitté le studio, j’ai pris un de ces cartons qui viennent se mettre au dessus de ces cartons qui contiennent des ramettes de papier, je l’ai posé sur la poubelle dans le hall de l’immeuble et j’y ai posé des objets dont je ne voulais plus mais que j’avais collecté dans cet appartement. J’ai écrit avec un gros marqueur bleu de cette ecriture que je ne supporte pas “SERVEZ-VOUS” avec une fleche verticale pointant vers les objets.
Je n’ai pas été capable d’aller les jeter, les lancer pour les voir exploser en retombant, comme je l’avais fait avec le lapin en céramique que F. m’avait offert à Pâques.
J’ai juste posé un dauphin ridiculement kitsch en verre de murano qu’H. m’avait rapporté de Venise.
Et un petit vase jaune en verre, réplique d’un Michaël Powolny, grand comme une canette de soda, en forme d’oeuf, soutenu par des pieds en verre noir que D. m’avait laissé comme un fauve laisse un relief de carcasse à un charognard.
Ce petit vase, j’aurai du aller le propulser de toutes mes forces sur un mur près de chez lui pour avoir le plaisir de le voir se fracasser et répendre les petites miettes aigues comme des dents de chat un peu partout par terre en esperant que cette fois L. remarque le jaune par terre.
(Quand je venais chez D., quand il acceptait de daigner me laisser entrer dans son antre pour que nous ayons du sexe, “comme deux adultes qui partagent une patisserie, nous ne sommes pas un couple” il ne fallait pas que je laisse ma voiture, vert-pomme, couleur proche du jaune de son vase prétentieux dans le quartier parce que “tu comprends il risque de voir que tu es chez moi”)
Ce que j’aurai surtout du faire : ne pas lui adresser la parole à la salle de gym, ne pas insister quand il m’a dit qu’il avait encore son ex, L. très présent dans la tête. J’aurai du faire preuve de plus de calme et de retenue et ne pas avoir la prétention de penser que je pourrais le faire changer.
On s’est bien amusé, on a bien ri, mais que j’ai pleuré.
Quand j’ai pris la décision que l’histoire devait finir et qu’il m’a dit qu’il etait d’accord j’ai été soulagé.
Puis j’ai répondu à des coups de téléphone de ma mère je crois et je me suis mis a pleurer. Sans aucune retenue. Je devais même être entrain de beugler, en tournant sur moi même, à l’angle de la rue de Rennes et de la rue Saint Placide.
Je repense à ça à la lecture de ce texte.
J’y repense avec un peu de regret car je pense que c’était l’homme de ma vie mais pas celui avec lequel je devais vivre.
Mais j’y repense avec soulagement.
Le même que vous ressentez quand vous échappez a un accident de voiture.
Le genre de soulagement qui vous fait apprecier la moindre petite paquerette, le moindre chant d’oiseau.
J’espere qu’il est encore malheureux et seul.
Et qu’il en bave autant que j’en ai bavé.


Shu said thanks.

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Nisan Gogo

Hobonichi (un peu chaque jour. abréviation). Chronologiquement : http://hobonichinotes.blogspot.com

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