Loin de la grande place et de ses hordes de touristes, à des années lumière du prétendu modèle d'intégration belge. Bienvenue à Cureghem.

May 8th, 2014, 4am

A 20 minutes à pied du Manneken-Pis, un terrain vague, de la boue et des pneus usagés bordent un chantier dont les grues surplombent le quartier. Les barres d’immeubles ne sont pas loin. Ici à Cureghem, quartier deshérité de la commune d’Anderlecht à l’est de Bruxelles, une importante communauté marocaine est installée. Ils ont quitté leur pays il y a cinquante ans, du temps où la Belgique cherchait de la main d’oeuvre pour ses mines et ses chaînes de production. Deux générations plus tard, les halles des abattoirs sont vides. Le chômage frappe 50% des jeunes, la plupart sont filles et fils d’immigrés. Qu’on se le dise, le modèle d’intégration à la française n’a rien à envier au modèle qui prévaut à Bruxelles.

Les anciens abbatoirs, 15000 m2 vide qui vont être utilisé par l'association Cultureghem afin d'organiser des événements culturels.

Les usines qui employaient les populations immigrées, notamment marocaines, ont fermées. Leurs enfants sont toujours là. Nés à Cureghem, ils y ont grandi. Ils n’ont pas d’emplois, se sentent mis à l’écart. Avec l’aide de l’association Cultureghem, ils ont décidé de construire une maison de quartier.

La maison de quartier cédé par l'entreprise des abattoirs. Avec des matériaux de récupération, les jeunes construisent eux-même leur maison de quartier.

“On commence avec des palettes et on ne sait pas jusqu’où ça ira”

Deux salles abandonnée où tout reste à faire. C'est  le seul endroit dans une commune grande comme anderlecht qu'on nous a donné.

“C’est le seul endroit dans une commune grande comme Anderlecht qu’on nous a donné”. Deux salles abandonnées où tout reste à faire. Alors chacun participe.

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Caméras et appareils-photos n’entrent pas sans difficultés dans le quartier. Interroger les habitants est difficile. Après deux jours d’immersion, deux jeunes acceptent de témoigner. Abdel et Mohamed racontent la vie à Cureghem et livrent leur analyse sur “l’intégration” des Marocains à Bruxelles.


Abdel dénonce un modèle d’intégration qui s’apparente davantage à une assimilation à marche forcée : “Ils veulent qu’on se travestisse. Avant de parler d’intégration, il faut accepter l’autre tel qu’il est”


Mohamed considère que les promesses faites aux travailleurs immigrés dans les années 1960 n’ont pas été tenues. “Nos parents ont fait des travaux que les Belges n’avaient pas le courage de faire. On leur a promis un logement, du travail. Les promesses n’ont pas été tenues”.


Matthieu Delmas et Youshaa Hassenjee


Eléa and Jade said thanks.

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