Que veux-tu que je te lise, mon chéri ? […] Anne-Marie me fit asseoir en face d’elle, sur ma petite chaise; elle se pencha, baissa les paupières, s’endormit. De ce visage de statue sortit une voix de plâtre. Je perdis la tête: qui racontait ? quoi ? et à qui ? Ma mère s’était absentée : pas un sourire, pas un signe de connivence, j’étais en exil. Et puis je ne reconnaissais pas son langage. Où prenait-elle cette assurance ?
Au bout d’un instant j’avais compris : c’était le livre qui parlait. Des phrases en sortaient qui me faisaient peur : c’étaient de vrais mille-pattes, elles grouillaient de syllabes et de lettres, étiraient leurs diphtongues, faisaient vibrer les doubles consonnes ; chantantes, nasales, coupées de pauses et de soupirs, riches en mots inconnus, elles s’enchantaient d’elles-mêmes et de leurs méandres sans se soucier de moi : quelquefois elles disparaissaient avant que j’eusse pu les comprendre, d’autres fois j’avais compris d’avance et elles continuaient de rouler noblement vers leur fin sans me faire grâce d’une virgule. […]
On parlait de guenilles avec magnificence, les mots déteignaient sur les choses, transformant les actions en rites et les événements en cérémonies.
Les mots - Jean-Paul Sartre.1
In this excerpt, Sartre discovers as a child the power of read words which makes worlds to exist beyond people. While a young woman he knows reads a story usually told by his mother, he realizes how this woman becomes someone else; how the words, even more than the story itself, have a stronger impact on him than before. ↩
The shelter
The day i met Eduardo Galeano
Inside the city
The unbearable burden of conformity.
My first time in Rio de Janeiro
Hi! Oi!
Rain imminent
Do you remember the sun? – en route to the airport yesterday was warm and nice…
A sunday afternoon in Rio de Janeiro.