Domaine d’étude : Psychologie analytique. Traumatisme psychologique et dépression. Cas de dépression psycho-social (Non inflammatoire, non neurogénique, etc.)
Avant-propos
Cet essai ne se fonde pas sur des données scientifiques ou cliniques prouvées. Ceci ne signifie pas que les réflexions apportées à ce sujet ne découlent pas d’études ou de théories antérieures, mais sont un ensemble de réflexions tirées d’expérimentations et d’analyses psychologiques et philosophiques. Ceci permet de garder l’essence expérimentale et hypothétique de cette production.
Généralité
L’on supposera, dans cet essai et ce d’une manière simple et vulgarisée, que la dépression survient suite à une “forte” décharge de stimuli émotionnels. Le sujet dépressif mémorise d’une manière abusive et obsessionnelle un événement—décès d’un proche, divorce, échec professionnel, stress socioprofessionnel, etc.— ce qui a pour résultat de déstructurer le mécanisme de traitement de l’information par les changements chimiques cérébraux. Ici, toute l’attention du sujet est portée sur l’événement traumatisant ce qui en résulte une obsession. Celle-ci rendra, par la suite, difficile la concentration sur une autre activité. L’hyperactivité, l’impatience et le désintérêt social apparaissent quand l’esprit—le cerveau en l’occurrence— désire se retrouver loin de toute activité sociale ou professionnelle, de toute interaction susceptible de lui donner “matière à réfléchir”. En clair, le cerveau, ne voudrait traiter dans ce schéma qu’une seule information. Le sujet dépressif ne se désintéresse pas de la vie sociale, contrairement aux idées reçues, mais il se consacre et s’intéresse exclusivement à une seule activité : l’événement traumatisant.
Dépression et mémoire
En situation de danger ou d’événements incertains, des signaux sont envoyés (des stimuli sonores ou visuels soudains) permettant à l’individu de gérer et/ou fuir la menace. L’émotion de peur, dans ce cas précis, transforme l’événement en lui donnant de l’importance —de la priorité dans la structuration de l’information— ce qui permet de mieux mémoriser l’événement. C’est ce qui permet aux espèces de survivre dans un environnement hostile car ces dernières seront plus à même de mémoriser, d’analyser et de répondre au danger dans le futur. Mais il arrive que le souvenir de certains événements particuliers nous marque d’une façon disproportionnée et créé un déséquilibre notable.
La mémoire fonctionne d’une manière surprenante. Les théories ne manquent pas d’originalité pour décrire son fonctionnement : de la théorie des Archives Akashiques (avancée entre autre par les théosophes modernes), en passant par la théorie de la mémoire à l’extérieur du corps ou encore dans les cellules du cerveau, la mémoire reste un sujet de recherche qui passionne car elle est l’élément le plus important de la construction psychologique et sociologique de individu. Sans elle, nous errons dans l’inconnu. Le lien commun entre la plupart des théories de la mémoire est, selon mon hypothèse, les émotions.
Dans cet essai, je stipulerai que la mémoire n’est pas figée dans une seule aire cérébrale car elle fait appel aux sens (pour ne citer que celles-ci). Justement, le meilleur moyen de développer sa mémoire est d’associer à l’information des images (comme dans l’Art de la mémoire, méthode des lieux dite Mind Palace), l’on pourra lui associer également le goût et les couleurs (comme dans la synesthésie) ou encore l’odorat (mémoire olfactive). Dans certains cas, l’on pourra associer plus d’un sens à l’information ce qui lui permet d’être sauvegardée d’une manière plus efficace. La communication entre les diverses parties du cerveau permet de rendre cette association effective.
L’information étant abstraite, il est nécessaire, par la méthode d’association, de lui donner de la substance, de lui attribuer une valeur pour la distinguer, la codifier et la rendre disponible. Je supposerai que le mécanisme émotionnel est le moyen le plus facile et le plus simple que l’être humain a à sa disposition pour sauvegarder l’information car ce système est liés, entre autre, à la survie des espèces, et ce depuis leur apparition.
La construction de la psyché est corollaire à l’expérience, donc à la mémoire. Le cerveau évolue et se transforme pour permettre de connecter cet amas d’informations entre elle de manière efficiente. Ceci étant, chaque individu, et en fonction de son expérience, réagis différemment à un événement donné (cohorte). Dans ce cas précis, l’histoire personnelle, que nous pouvons remplacer ici par le schéma mental, est à la fois la cause et la solution à cette vulnérabilité. Par exemple, un individu qui a toujours vécu au premier étage d’un immeuble pourra manifester quelques phobies en se retrouvant au dernier niveau d’un gratte-ciel. Mais ce n’est pas toujours le cas car d’autres causes interviennent dans le processus d’interprétation de l’information : l’inconscient collectif (culture, croyance, etc.) et les perceptions, peuvent diriger ledit processus.
Reconnecter son cerveau
Ce n’est pas toujours facile de reconnecter son cerveau car l’esprit ne peut que difficilement « se rendre compte de son état ». Les symptômes sont les seuls “alertes” que nous ayons à notre disposition pour s’apercevoir que notre cerveau s’automatise suivant un schéma désordonné.
Toutefois, il ne suffira pas simplement de diagnostiquer les symptômes et d’essayer de les corriger et/ou les guérir, il est important de comprendre ces symptômes pour en déduire les besoins de l’esprit. Nous pouvons aborder le sujet différemment : si l’on suppose que la dépression est une condition humaine, pouvons-nous connaître la raison et la finalité de son apparition ?
J’avance l’hypothèse que la dépression pourrait être liée au développement de l’intelligence et du schéma mental.
Si l’on reprend l’exemple du décès d’un proche, les émotions causées par cet événement conduiront à une tristesse, laquelle mènera parfois à un désintérêt social et à une réclusion. La société occidentale par le biais de la psychologique contemporaine nous a appris à lire ces symptômes comme des épisodes postes-traumatiques, négatifs donc, sans s’interroger sur le pourquoi de leur apparition et sans proposer d’autres grilles de lecture.
D’autres sociétés en revanche favorisent—à un moment de la vie de l’individu— la réclusion, le désintérêt et la perte de volonté dans les expériences pour se consacrer à un mode de vie plus méditatif. Le but de la méditation étant de se concentrer sur un seul objet dans l’optique de développer, dans un premier temps la concentration et dans un second temps la compréhension du monde, la nature des choses et des phénomènes et l’empathie, voire la sagesse. Une expérience qui s’apparente à quelques épisodes dépressifs car l’absence d’envie ou de besoin se retrouve en méditation. Cette dernière permet une concentration optimale en l’absence de toute pensée qui pourrait déconcentrer le méditant. En d’autres termes, le détachement, le renoncement et la concentration permettent de se connaître soi-même, de connaître son environnement et, de manière plus intéressante encore, développer ses aptitudes intellectuelles.
Il faut savoir que certains autistes de haut niveau et les calculatrices humaines, pour ne citer que ces deux exemples, utilisent toute la force d’interprétation du cerveau dans la réalisation “d’une seule tâche”. C’est pour cette raison que ces hommes d’exception peuvent réaliser des calculs mathématiques qui seraient impossibles pour des personnes dites normales, mais d’un autre côté, ils peinent à réaliser des tâches qui nous paraissent incroyablement simples, le cerveau n’ayant pas développé les aptitudes y étant liées.
Ces exemples restent pour le moins extrêmes mais permettent d’illustrer l’idée que le développement de l’esprit pourrait suivre un certain automatisme. L’esprit devient très efficace quand il réalise une tâche à la fois, un exemple que nous retrouvons dans le domaine informatique. Une fois cette aptitude développée, l’on pourra en développer une seconde, une troisième, ainsi de suite, pour pouvoir “muscler” son cerveau et rendre la communication entre ses zones plus efficientes.
Dans ce cas, nous pouvons proposer une lecture intéressante de la dépression. S’agit-elle d’une réponse psychologique ontologique qui permet à l’esprit de se développer et de se construire efficacement autour de “l’événement traumatisant ” ? L’esprit étant exclusivement concentré sur un objet, il pourra en tirer un enseignement.
Pour revenir à notre exemple, le décès d’un proche, nous pouvons supposer que cette situation d’incertitude et de danger—car nous rappelant notre propre destinée et finalité— est une réponse naturelle qui permettrait à l’individu concerné de méditer, de réfléchir analytiquement sur cette question et ainsi d’en tirer une expérience et une sagesse. Comme lors de situations de survie, lorsque notre instinct de survie nous incite à la fuite ou au combat, des situations plus abstraites nous pousserait, suivant cette thèse, à nous reclure et à réfléchir afin de permettre une compréhension philosophique des phénomènes.
Il est clair que la dépression ne survient pas uniquement à partir d’un événement traumatisant mais qu’elle peut surgir de manière inopinée et spontanée dans la vie de l’individu. Mais son apparition est néanmoins toujours une réponse à un malaise, conscient ou inconscient, qui favorise la remise en question et la réflexion.
L’anxiété par exemple, un phénomène courant chez les dépressifs, résulte d’une forme de ritualisation de la vie. Ce système “d’auto-défense” résulte de l’incapacité du cerveau à interpréter et à s’adapter à un nouvel environnement. Un esprit anxieux a plus de mal à traiter les informations qui ne lui sont pas familières. En d’autres termes, il devient difficile, pour le cerveau de s’adapter à de nouvelles situations.
Ces phénomènes et états psychologiques surviennent quand l’esprit n’a pas terminé de se reconnecter efficacement : reconnecter ses souvenirs, ses expériences, ses idées, ses théories et ses conceptions du monde.
Le seul moyen de “guérir” réside dans l’analyse. Il s’agit d’un exercice purement intellectuel que le dépressif est encouragé à réaliser.
Réaliser une analyse
C’est l’exercice le plus délicat et le plus difficile que l’individu est amené à accomplir. Il s’agit ici de construire une bibliothèque mentale, un espace intellectuel où le cerveau puisse s’épanouir, réaliser ses interprétations et déductions, afin de lui permettre de sortir de sa propre « prison »..
Il est important de s’accorder du temps, au moins une heure par jour, pour réfléchir. L’individu est encouragé à analyser ses pensées et ses désirs. Mais il faut pour cela que le dépressif puisse atteindre un niveau de calme et de sérénité à même de lui permettre de regarder ses pensées avec détachement, donc de les analyser objectivement. La musique est un bon moyen pour se relaxer, en faire est même recommandé. Sinon, l’écriture ou la relaxation (médiation ou yoga) ou encore la marche sont tout aussi importants.
Tout exercice capable de développer la concentration devrait être favorisé. Se concentrer permet d’éliminer les pensées aléatoires dans un premier temps pour pouvoir se concentrer plus amplement sur ce qui compte vraiment.
Il est tout aussi important à ce stade de comprendre que la dépression n’est pas quelques choses de négatif, mais plutôt un mécanisme naturel de développement.
L’esprit humain pourrait être comparé à un mangetout, peu importe ce que vous lui proposerez, il l’utilisera pour se développer et grandir. Naturellement, la qualité de son développement est liée à la qualité de ce que vous lui proposez. Tâchez donc de faire un régime intellectuel : limitez la télévision et l’information orientée. A la place, préférez des activités variées : lecture de romans, recueils, films d’auteur, pièces de théâtre, sport, méditation, philosophie, voyage, etc. Votre cerveau a besoin de ceci pour se développer, c’est même vital. C’est pour cette même raison également que la dépression survient après de longues périodes de monotonie ou de routine, le cerveau ne fait que manifester sa soif et sa faim de nouvelles informations et de nouvelles expériences.
A suivre.
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