La playlist du rap belge 

May 16th, 2014, 2pm

Le rap bruxellois a trente ans. Trente ans d’albums, de moments forts, d’anecdotes et de morceaux mythiques. Trente ans, trois générations, une mythologie. Retour en quelques morceaux clés sur l’histoire d’une scène atypique. Une histoire de Bruxelles.

Le point de départ du rap bruxellois, tout le monde s’accorde dessus, est bien évidemment Benny B. En 1989, le jeune marocain de Molenbeek met une claque monumentale à toute la scène musicale belge, avec son morceau Mais vous êtes fou ! Alors oui, ça a mal vieilli, mais beaucoup de rappeurs bruxellois s’en sont réclamés et s’en réclament toujours. La base.


Parmi les autres classiques, Bruxelles Rap Convention (BRC). Le “rap du Manneken Peace” est le premier groupe bruxellois à proposer des textes engagés, positifs, non-violents. C’était en 1990.

Vient ensuite l’époque du hardcore. Rien A Branler, le NTM belge, se fabrique rapidement une réputation de groupe “insortable, imbuvable, invendable, irrécupérable”. Mais le premier groupe avec une grosse audience, y compris à l’international, sera De Puta Madre. Une Ball dans la tête, sorti en 1995, reste pour beaucoup un album essentiel. Mike Toch, directeur de la boîte de production A.R.E. Music, et ancien rappeur au sein du groupe Ultime Team sous le psuedonyme de Rellik, s’emballe : ” pour moi, Une Ball dans la Tête c’est le classique des classiques. C’est un album qui n’a pas vieilli, que j’écoute encore tous les ans.”


Puis démarre le premier âge d’or du rap bruxellois. Les projets et les groupes se mutliplient. C.N.N. et son pilier, Rival, imposent une nouvelle voix. Une nouvelle voie. Les collaborations avec la France se font plus courantes. Des groupes comme Ultime Team ou Starflam s’imposent comme des incontournables parmi les fans.




Mike Toch encore : “Sur le premier album de Starflam, il y avait un freestyle mythique. Tu avais tous les tueurs à gages du rap belge, la crème de la crème quoi. C’était énorme, la prod était incroyable”


La deuxième génération concentre des rappeurs encore en activité aujourd’hui. Les proses se diversifient, les styles aussi.

Pour Alain Lapiower, auteur de Total Respect : une Histoire du rap belge, 13hor est un artiste qui “a eu beaucoup d’impact”.


Dans le désordre, citons Gandhi, Convok, ou James Deano qui, selon Mike Toch, “était un vrai kickeur”, avant de venir faire le pitre en France.




Et puis Scylla, le prophète de la nouvelle vague. Avec son archi-classique BX Vibes, il a tiré une bonne partie du rap belge vers le haut. Le trait d’union qui manquait entre la deuxième et la troisième génération. Le premier à faire des centaines de milliers de vues sur Youtube de manière aussi régulière.



Le nombre de vues. Au fil des ans, c’est devenu le baromètre de la réussite d’un groupe. C’est ce qui fait de La Smala ou de Caballero des jeunes loups aux dents légitimement longues. A peine la vingtaine, une “fan base” conséquente, des réseaux sociaux en ébullition, la relève est là.





Pour finir, comment ne pas parler des Poignées de Punchlines ? Depuis quelques années, Deparone, acteur majeur de la scène bruxelloise, rassemble des brassées de rappeurs devant sa caméra. Passage obligé pour tout un tas d’artistes, belges comme français, ces poignées réunissent certains freestyles de qualité.


BONUS BEAT : Il fait plus de vues sur Youtube que tous ces artistes réunis. Il mène une carrière internationale. Il est diffusé en radio, en télés, et il est dans tous les journaux. Il a commencé à Bruxelles, en freestyle dans des caves obscures. “Juste un cerveau, un flow, un fond et un mic”.



Lucas Desseigne - Clément Guerre - Alvin Koualef

Lire aussi : Le rap bruxellois à la recherche de son identité

Share this moment

Create a free account

Have an account? Sign in.

Sign up with Facebook

or