Art Brussels, cinquième foire d’art contemporain du monde, s’est tenue du 25 au 27 avril 2014. Pas moins de trente mille visiteurs s’y sont pressés pour découvrir les œuvres des 190 galeristes qui y tenaient un stand. Face à ce succès, les médias français se sont emballés. Et si Bruxelles venait remplacer Paris dans le cœur des amateurs d’art contemporain ? Avec l’ouverture de nombreuses galeries françaises dans la capitale belge, la ville lumière pourrait avoir du souci à se faire.
© Pauline Pennanec’h
« Paris, c’est un peu morose en ce moment ! », s’exclame Flore de Brantes. « Beaucoup de galeries parisiennes ont décidé d’aller voir ailleurs, et maintenant, un des endroits incontournables, c’est Bruxelles. » La directrice de la Galerie Flore en sait quelque chose. Elle a tenu une galerie à Paris pendant près de 10 ans, et a décidé d’en ouvrir une seconde en 2011, à Bruxelles.
Et Flore de Brantes n’est pas la seule à avoir délaissé la France pour s’installer dans la capitale belge. Ces dernières années, Bruxelles a accueilli de nombreux français venus faire un petit tour au centre de l’Europe. Certaines galeries y déménagent, tandis que d’autres y implantent des antennes.
C’est l’ouverture en 2007 du Wiels, dirigé par Dirk Snauwaert, qui lance le mouvement. Ce centre d’art contemporain organise beaucoup d’expositions avec des artistes de renommée internationale, « mais aussi des résidences avec des jeunes artistes qui viennent du monde entier et qui pendant un an, vivent et créent à Bruxelles. C’est à ce moment là qu’une série de galeries étrangères, et surtout françaises, ont commencé à s’installer à Bruxelles » confie Virginie Devillez, directrice de la galerie Daniel Templon Brussels.
Nathalie Obadia était une des premières, et depuis le mouvement des galeristes français ne s’arrête pas : Daniel Templon en septembre 2013, Michel Rein quelques mois après, Super Dakota.
Pour Virginie Devillez, « les parisiens sont parmi les premiers, car ils sont liés par la langue. » A l’image de Chez Valentin et Jeanroch Dard, deux galeries implantées à Paris qui viennent d’inaugurer la salle d’exposition Mon Chéri, fruit de leur association, lors de la foire Art Brussels.
© Rero et Stéphane Parain (Meilleur Ouvrier de France), courtesy of Galerie Paris-Beijing
La Galerie Paris-Beijing a elle aussi choisi Bruxelles pour ouvrir sa troisième antenne. En investissant un hôtel particulier construit par Victor Horta, la galerie s’est offert un espace et un cadre exceptionnels, permettant de mettre en valeur des œuvres monumentales telles que celles de Rero.
Pourquoi Bruxelles attire tant de galeries parisiennes ? La capitale belge serait-elle devenue le nouvel eldorado de l’art contemporain en Europe ?
© Vaihere Tauotaha
A deux pas de la Porte de Namur, tout près du rond point Louise, la Mazel Galerie présente actuellement l’exposition « Ombres et Lumières ». Les œuvres des artistes Hubert le Gall, Peter Keene, et Piet.sO sont disposées sur deux étages.
La Mazel Galerie possède trois niveaux. « On aurait jamais pu avoir un tel espace en France », constate Edouard Mazel, gérant de la galerie. « Ici, l’immobilier coûte six fois moins cher qu’à Paris. » Une façon aussi d’attirer de nouveaux artistes, à la recherche de vastes ateliers pour accueillir leurs créations.
Si les artistes n’hésitent pas à exposer à Bruxelles, c’est aussi parce que les collectionneurs belges sont considérés comme les plus pointus du monde. Très à la pointe du marché de l’art contemporain, certaines familles wallonnes se sont constituées de grandes collections. La maison de ventes Millon est installée en plein coeur de la ville, au Petit Sablon. Elle s’impose dans le milieu, en témoigne son directeur des ventes Stéphane Cauchies.
Les galeristes français s’installent à Bruxelles, du fait de la place géographique de la capitale européenne. Elle leur permet de s’implanter au cœur de l’Europe, et d’attirer des visiteurs du monde entier.
Bruxelles pourrait donc bien être le nouveau centre européen de l’art contemporain, mais il lui manque encore quelque chose : un véritable musée permanent. Depuis 2011, aucune piste n’était sortie de terre, depuis la fermeture du musée royal d’art moderne.
Mais au début du mois de mai 2014, le gouvernement bruxellois a révélé son intention d’installer un musée d’art contemporain et moderne en 2017 le long du canal, place de l’Yser. Il sera abrité dans un vaste bâtiment Art nouveau de 16.000 m² actuellement occupé par l’un des plus grands garages Citroën de Belgique.
« Nous aurons notre MoMa, notre Guggenheim », s’est enthousiasmé le président de la Région, Rudi Vervoort, dans le quotidien L’Echo, en faisant référence aux musées d’art emblématiques de New York et Bilbao. « On va avoir du postmoderne surtout. Les collections se composent, entre autres, de Picasso, Dali, Matisse, Miro, Bacon. On a une idée assez précise de ce qui sera développé. Ce sera aussi grand public, car l’objectif est de ne pas se cantonner à quelque chose d’élitiste. »
Pauline Pennanec’h et Adèle Latour
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