Vincent Lannoo : "La différence c'est qu'en Belgique, je n'ai pas reçu de menaces"

May 7th, 2014, 11am

Pour la sortie le 7 mai d’Au nom du fils, seulement trois salles à Paris ont accepté sa diffusion. Le film qui traite de la pédophilie chez les prêtres est perçu comme « blasphématoire » et « anti-chrétien » par les catholiques traditionalistes du mouvement Civitas. Son réalisateur bruxellois Vincent Lannoo répond aux attaques.

À la suite du suicide de son fils de 14 ans, Élisabeth découvre que le Père Achille entretenait des relations avec celui-ci. Face au silence de l’Église, de la croyance aveugle, elle passe à la vengeance. Le réalisateur belge réagit : « Si on a vu le film, on se rend compte que je ne prône vraiment pas la violence envers les prêtres. C’est une partie du film, c’est une partie vengeresse. En tant que spectateur, on vit cette jouissance de la vengeance. Il est important de la vivre car à la fin du long-métrage, j’essaie d’expliquer à quel point ça ne résout rien. Et que finalement cela crée plus de problèmes, c’est une mise en doute. Ce n’est évidemment pas un film contre les catholiques et contre l’Église catholique. Néanmoins, il est vrai qu’il s’agit d’un film contre les extrémismes religieux. » Pourtant jusqu’à présent les avant-premières s’étaient bien déroulées. « Les salles sont pleines, elles rient, elles réagissent extrêmement bien au film », confie le réalisateur par téléphone.

« Mon film critique et se moque de l’extrémisme religieux »

À propos des traditionalistes Vincent Lannoo commente : « J’ai l’impression qu’ils sont fâchés d’emblée, c’est un besoin naturel. Il s’agit d’une manière pour eux d’exister et donc forcément, mon film qui critique et qui se moque de l’extrémisme religieux, ne leur fait pas plaisir. » Selon le réalisateur, « il y a aussi plein de catholiques qui aiment le film, donc on est très à l’aise. » Toutefois derrière cette confiance se cache un doute. Y aura-t-il des manifestations contre cette production cet après-midi ? « Honnêtement, j’espère que non. Je propose surtout que les gens viennent voir le film et que l’on puisse en débattre ». C’est seulement en France que le film rencontre de vives oppositions qui ont entrainé une auto-censure de la part des exploitants, notamment les parisiens. « Sur Paris, ils ont eu peur ». Alors qu’en Belgique « on n’a pas essayé d’empêcher la sortie du film. Mais je pense que cette minorité qui a fait un peu de bruit pendant les manifestations contre le Mariage pour tous a pris confiance et a décidé de continuer ».

« C’est étonnant à quel point une minorité arrive à faire peur à des exploitants »

En France, l’affiche du film a été modifiée. « C’est une vrai étrangeté, confirme le réalisateur. Celle diffusée dans les rues de Paris représente une nonne qui est couchée dans une marre de sang. Mon long-métrage se retrouve avec une communication plus violente que l’originale qui était une customisation d’une peinture de vierge ». Et il rajoute : « On s’est baladés partout avec ce film dans le monde mais ce qui m’étonne le plus c’est à quel point une minorité arrive à faire peur à des exploitants, à des afficheurs. On ne peut pas se laisser dominer par la peur, sinon le monde devient n’importe quoi ».

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Nicolas Dumas

Etudiant en journalisme à l'Institut de journalisme Bordeaux-Aquitaine (IJBA).

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